Ces écoliers qui plantent des arbres

Dans un petit village de Savoie, des écoliers troquent leurs stylos pour des bêches, et plantent des haies. L’occasion de découvrir concrètement les enjeux climatiques, l’agriculture et la biodiversité. Et leur capacité d’action.

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« J’aime bien planter les arbres, parce qu’on donne vie à quelque chose. »

Virgile, 10 ans, est élève de CM2 à l’école communale de Chignin (Savoie), qui compte deux classes multiniveaux. Avec ses camarades, il passe cette journée d'hiver dehors : le temps est idéal pour aider le viticulteur Guillaume Quenard à planter une haie, composée de 200 mètres d’arbustes et de fruitiers.

S’unir pour limiter l'impact du climat sur l’agriculture

À l’origine du projet, les vignerons de Chignin, confrontés aux conséquences du changement climatique. Même en Savoie, au pied du massif des Bauges, les parcelles de l’AOC Chignin et Chignin-Bergeron ont de plus en plus des airs de garrigue : vents de vallée asséchants, vignes brûlées par le soleil, pluies violentes... Ils comptent sur les arbres pour ramener de l’ombre, de l’humidité, pour briser le vent, retenir les sols et servir de refuge à la biodiversité.

Dès le début, ils ont souhaité associer les enfants à cette opération. Sollicitée, l’association « Des Enfants et des Arbres » assure l’accompagnement pédagogique et finance les plants.
Sa fondatrice, la réalisatrice Marie-France Barrier, en résume ainsi la raison d’être : « Faire le lien entre les deux mondes qui font pousser demain, à savoir les agriculteurs et les enseignants. Deux mondes qui souffrent d’un déficit de vivant dans leurs pratiques. Or le vivant est un formidable partenaire pédagogique, et l’agroforesterie est un lieu de réconciliation entre production et protection du vivant. »

Apprendre en agissant

Encadrés par une vingtaine de bénévoles, les écoliers délimitent l’alignement de la haie au cordeau. Outils en main, ils révisent les étapes de la plantation d’un arbre : creuser un trou, tremper les racines dans du pralin, positionner l’arbre, recouvrir de terre – « attention, ne dépasse pas le collet ! » - et l’entourer d’une gaine « pour empêcher les lièvres de les grignoter ».

Guillaume Quenard va d’un groupe à l’autre : « L’arbre, c’est un symbole, c’est l’avenir. Et ça fédère le village : tout le monde joue le jeu, les parents d’élèves, les habitants bénévoles, mes collègues viticulteurs... tous les âges sont représentés ! » Certains enfants sont séduits par le métier d’agriculteur qu’ils découvrent : « Mon père travaille dans une usine et ma mère dans un bureau. J’aimerais travailler dans la nature ! »

Un projet éducatif riche de sens

Les deux enseignantes, Céline Simon et Laetitia Chaudurié, plébiscitent l’opération, à laquelle elles participent pour la 3e saison. Le travail avec l’agriculteur se construit tout au long de l’année. Il est intervenu en classe et les élèves ont visité sa cave et participé aux vendanges. Le riche matériel pédagogique conçu par l’association Des Enfants et des Arbres, répond aux exigences du programme de 3e cycle, en abordant la botanique, le cycle de la vie, le lien entre agriculture et alimentation...

Au-delà de cet apport de connaissances, les maîtresses soulignent aussi la dimension sociale du projet : « Chaque année, nous avons collaboré avec un agriculteur différent. Cela crée du lien ! En plus, de nos salles de classe, on aperçoit des gens travailler dans les vignes tous les jours. Maintenant, les enfants comprennent mieux ce qu’ils observent dans leur environnement immédiat. »

Ces écoliers qui plantent des arbres - enjeux climatiques, agriculture et biodiversité
Photographies @Antoine Boureau

Un engagement pour demain

Très attachées l’une comme l’autre à l’éducation à la transition écologique, elles souhaitent aussi que leurs élèves en retirent l’envie d’agir, eux qui se montrent souvent préoccupés par l’état de la planète. Aider un agriculteur leur fera-t-il prendre conscience « qu’ils peuvent jouer un rôle en tant que citoyens et être actifs plutôt que de subir » ?

L’espoir de ces enfants – et en creux, leur inquiétude – se lit sur les petits mots qu’ils fixent aux branches de leurs protégés : « J’espère que tu pourras vivre longtemps », « Nous t’aiderons à bien grandir », « Bonne chance, petit arbre ! »...

En une heure et quart, montre en main, les cinquante écoliers de Chignin ont mis en terre 168 arbres et arbustes. De quoi enraciner aussi leur confiance en leur capacité d’agir. En attendant, il est temps de retourner à l’école, à travers champs.

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Dessiner le plan du potager permet de se repérer dans l’espace. Les élèves observent où se situe le jardin par rapport aux éléments environnants, et où se situent les différents espaces du potager entre eux. Ils utilisent le vocabulaire relatif à la position dans le plan et relèvent leurs observations à l’aide de croquis. Ils réalisent ensuite le plan : ils travaillent ainsi également grandeurs et mesures, en comparant et sériant des grandeurs, et en utilisant la mesure pour comparer des grandeurs.

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