La Salamandre :
Benjamin, expliquez-nous ce qui va se passer à Marseille autour de la classe dehors ?

Benjamin Gentils : Ces rencontres, ce sont 4 jours d’ateliers, de tables rondes, de conférences, pour s’informer, échanger et nouer des complicités autour de la classe dehors. En fait, dans l’esprit de la continuité pédagogique, notre proposition ne concerne pas que l’école mais toutes les facettes de l’éducation au sens large comme le périscolaire et la petite enfance, par exemple.

Qui vient à ces rencontres, principalement des enseignants ?
Des enseignants, mais aussi plus largement des professionnels de l’éducation, des acteurs du monde associatif, des agents et des élus de collectivités, des universitaires, des designers, des paysagistes, des architectes, des urbanistes… bref, tous ceux qui s’interrogent sur la place des enfants dehors et dans l’espace public.

Et les enfants ?
Oui bien sûr, le dispositif « Les enfants enchantent Marseille » se superpose à ces rencontres professionnelles : pendant une semaine, du 14 au 21 mai, l’idée est de faire sortir au maximum les enfants et les adolescents marseillais et d’encourager les enseignants et les animateurs à profiter de l’événement, soit sur des temps guidés, soit en autonomie. Sortir au moins une demi-journée, dans la cour, mais aussi dans les espaces publics, les parcs, les places, les jardins, les plages…

La programmation des Rencontres est impressionnante ! Il y a des centaines de rendez-vous intéressants, comment choisir ?
Oui, il y a plus de 250 conférences, ateliers et tables rondes programmés. Pour la plupart localisés au Parc du 26e Centenaire. Pour se repérer, nous avons organisé 20 parcours thématiques : la relation au vivant, la mixité sociale, la lecture dehors, la ville à hauteur d’enfants et la végétalisation des cours de récréation, la santé environnementale, l’apprentissage par le faire, les pratiques artistiques et culturelles hors les murs, la petite enfance en plein air…

Si on vient aux Rencontres, il faut donc s’inscrire ?
Pour les ateliers, oui ! L’idée c’est vraiment de pouvoir partager en petit nombre, dans un format intimiste, pour favoriser les échanges afin de pouvoir générer ensuite des projets et transformer ses pratiques. Si on vient à plusieurs au sein du même groupe, l’idéal est de pouvoir se séparer pour pouvoir ensuite partager ses découvertes.

La première édition des Rencontres avait lieu à Poitiers, pourquoi Marseille cette année ?
En 2023, l’édition de Poitiers a été un vrai succès, mais il y avait la volonté d’aller sur un terrain plus complexe. Montrer que la deuxième ville de France, avec ses spécificités urbanistiques, son littoral, un parc national dans la ville, et toutes les problématiques sociales qu’elle présente pouvait s’emparer d’un sujet comme l’éducation en plein air. Il y avait une grande envie aussi de la part du Rectorat et de la ville de Marseille.

En quoi ces Rencontres sont-elles internationales ?
Il y a la Belgique, la Suisse, le Canada mais aussi le Maroc, la Tunisie, la Grèce, la Guinée, le Sénégal. Alors, certes, ce sont principalement des acteurs francophones mais il y a aussi des chercheurs italiens ou américains par exemple. On a échangé également en amont avec 150 ambassades de France et des Instituts français : une classe d’un lycée français de Düsseldorf va ainsi se déplacer. Le Fab Lab’ est aussi animé par des acteurs internationaux, notamment du Bénin, et de Côte d’ivoire
Vous êtes directeur de la Fabrique des Communs Pédagogiques, pouvez-vous nous en dire plus, notamment sur cette notion de commun ?
Notre association est née pendant le Covid, pour fédérer des communautés et mettre en commun des ressources pour les enseignants, notamment via les outils numériques. L’idée est de créer des outils de partage et d’indexation de la connaissance à plus large échelle, une sorte de « Wikipédia » de la classe dehors. Dans ce but, par exemple, tous les animateurs d’ateliers signent une convention et prennent une heure de leur temps pour déposer dans l’espace numérique commun des ressources libres et accessibles à tous.

On a l’impression que la classe dehors est en pleine expansion, comment peut-on mesurer son ampleur réelle ?
Il n’y a en effet pas de statistiques officielles, mais selon les données dont on dispose plus de 4000 écoles, collèges ou lycées pratiquent la classe dehors ! C’est presque 10 % des établissements en France. Il faut donc désormais une vraie transformation de la politique publique pour que la classe dehors puisse se développer pleinement, et dans de bonnes conditions. La suite devrait se jouer au Parlement…
Découvrez toute la programmation des Rencontres internationales de la classe dehors.

Les journalistes de la Salamandre Junior et de la Petite Salamandre sont présents aux Rencontres et animent un atelier autour des ressources des magazines et du site salamandre école le vendredi 16 mai à 11h15 au Parc du 26e Centenaire.
Photographies : D.R. / la Fabrique des Communs Pédagogiques (édition 2023)