© Frank Lambert - Adobe

Entretien avec Anne Lamy, journaliste

À l’occasion de la sortie des Bienfaits de l’école à ciel ouvert, interview d’Anne Lamy qui enquête sur ces pratiques pédagogiques en plein air.

4 min de lecture

Meilleure coopération entre élèves, renforcement des liens entre l’enseignant et ses élèves, restauration de l’attention, réduction du stress, une motivation plus grande. L’école dehors a des bienfaits qui vont au-delà des connaissances de la nature. C’est le constat de Sabine Muster-Brüschweiler, responsable de projet chez Silviva et Diane Galbaud, chercheuse et journaliste scientifique spécialisée en éducation. Toutes deux présentent une synthèse inédite des publications scientifiques sur les pratiques pédagogiques en plein air, dans Les Bienfaits de l’école à ciel ouvert (1). Cette analyse est également illustrée par des enquêtes de terrain menées par la journaliste Anne Lamy depuis 2021.

Anne Lamy journaliste

Vous avez enquêté sur la pratique de l’école dehors en France et en Suisse. Vos articles, d’abord publiés sur le site de La Salamandre école, sont aujourd’hui repris dans "Les Bienfaits de l'école à ciel ouvert". Quels bienfaits avez-vous pu observer sur le terrain ?

Anne Lamy : Il y a, par exemple, des compétences relationnelles qui se développent entre élèves, parce que dehors, ils sont obligés d’apprendre à faire ensemble. Il en ressort une meilleure coopération, une meilleure capacité à résoudre les conflits et à travailler seul… Dehors, les enfants sont engagés « en entier » : ils travaillent avec leur tête, leur corps – ils peuvent bouger – et le cœur - ils vivent des émotions. Ce livre vient objectiver ce que les enseignants ont pu constater sur le terrain, car les publications scientifiques confirment que l’intérêt d'une pratique pédagogique en plein air va au-delà d’une impression de bien-être.

Comment l’école dehors change-t-elle la façon d’enseigner ?

A. L. : Il y a un postulat de confiance indispensable. Dehors, l’enseignant ne peut pas être derrière chaque enfant. Il leur laisse une certaine liberté. Moins l’enseignant en fait et plus les enfants vont s’emparer de l’activité qu’il leur propose. Il accepte d’être dans l’horizontalité et non plus dans la verticalité : il découvre parfois avec ses élèves, il cherche et s’émerveille avec eux ! Nul besoin d’être naturaliste, simplement un « éveilleur ». Le plus difficile est d’accepter de lâcher prise. Dehors, les élèves montrent « leur meilleure version d’eux-mêmes », mais les enseignants aussi ! Selon moi, c’est la meilleure version de ce que peut être l’école, car les apprentissages ont un sens nouveau. Je me souviens d’un petit garçon qui avait beaucoup de mal à lire. Il a eu le déclic lors d’une sortie au parc, car il voulait lire les panneaux indiquant le nom des arbres. Ce sont des bienfaits en cascade, qui touchent aussi les parents, car les enfants rapportent chez eux ces expériences.

Qu’est-ce qui vous a le plus surprise lors de ces enquêtes ?

A. L. : Je ne me rendais pas compte à quel point les enfants pouvaient être déconnectés de la nature. Certains n’avaient jamais marché pieds nus sur l’herbe, d’autres avaient peur des limaces… Sans parler de la disparition de tout un pan du vocabulaire pour nommer un arbre ou un oiseau… Il est vraiment urgent de se reconnecter à la nature !

Comment l’école dehors peut-elle répondre aux défis posés par notre monde en transition ?

A. L. : Une enseignante me racontait que des anciennes élèves venaient la voir précisément pour se rappeler avec elle ces expériences dehors. Et, selon la chercheuse américaine Louise Chawla, ce qui fait la conscience écologique, c’est d’avoir vécu tôt dans sa vie des expériences positives de nature avec des gens qu’on aime bien : une mamie, un animateur nature, un instit, etc. Alors, je crois que ces petites graines semées dans la tête de ces enfants qui ont pratiqué l’école dehors, c’est de l’or pour demain !

Découvrez tous nos articles conseils pour les enseignants, ainsi que nos fiches pédagogiques pour tous niveaux.

Découvrez la revue Petite Salamandre, pour les 4-7 ans et la revue Salamandre Junior, pour les 8-12 ans, abonnez votre classe et vos élèves à nos offres spéciales école !

Livre_BienfaitsEcoleCielOuvert Anne Lamy

(1) Les Bienfaits de l'école à ciel ouvert, de Sabine Muster-Brüschweiler, Diane Galbaud du Fort et Anne Lamy, Salamandre, Silviva

L'école à ciel ouvert, de la fondation Silviva, Salamandre

Pour aller plus loin...

Événement

Comment pratiquer plus de sport avec ses élèves grâce à la nature ?

Un enfant en bonne santé apprendra mieux à l’école. Les enseignants ont donc un rôle à jouer dans le bien-être et le développement de leurs élèves. Leur faire pratiquer une courte activité sportive au quotidien dans l’enceinte même de l’école ne nécessite même pas de matériel, de programme ou aptitudes spécifiques. Salamandre École a réuni quelques jeux physiques et des activités sur le thème du sport à mettre en place, qui s’inspirent de la nature environnante à votre école.

Tous domaines

  • Tous niveaux

Activité plein air

Passer l’épreuve du pont de singe

Réaliser une construction en corde en pleine nature est une activité qui rencontre toujours un grand succès auprès des enfants. Elle permet de s’initier à la réalisation de quelques nœuds, parmi les plus simples et les plus utiles, ce qui stimule la motricité fine, l’observation et la mémorisation. Une fois la construction installée, les enfants peuvent y grimper, s’y suspendre ou s’y balancer, exerçant à la fois leur sens de l’équilibre et leur motricité tout en apprenant à gérer le risque et à se montrer responsable.

Sport

  • Tous niveaux
Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur